On s'est connu, je n'avais que 6 ans, maman venait de t'acheter, c'était une nouvelle aventure pour elle. Enfin, elle était propriétaire de sa propre boutique !
De la laine, des vêtements pour enfant, de la mercerie, de la lingerie...Qu'est-ce que tu étais riche, une vraie mine d'or pour une petite fille ! Faut dire qu'on habitait juste au dessus de toi, alors à chaque sortie d'école, chaque mercredi, durant les vacances...Je passais mon temps avec toi, surtout dans la réserve pour ne pas déranger mais aussi dans la cabine d'essayage ( une cabane géniale !) et puis, quand il n'y avait personne je demandais à maman de jouer à la marchande.
Tu as été mon premier petit frère : maman t'a porté comme un bébé. Je t'en ai voulu de me l'accaparer et de lui donner tant de soucis...
Puis, mon vrai petit frère est arrivé et il a fait ses premiers pas dans tes lieux. Chaque fois que de la famille ou des amis nous rendaient visite, c'était chez toi qu'ils se rendaient. Mes copains et copines de l'époque ont eux aussi joué avec toi. Je me rappelle de parties de chasse au trésor mémorable, du temps à compter les boutons, faire des bracelets brésiliens...Etant gauchère et pas très douée de mes mains, je n'ai jamais réussi à apprendre à coudre mais j'ai fait de jolies canevas toujours exposés chez papa et maman !
J'ai grandit, et le temps était venu de m'occuper de toi pendant que maman prenait un peu de repos : au mois d'août durant les premières années du XXI° siècle, c'est moi qui prenait le relais ! C'était marrant d'être libre et d'avoir l'entière responsabilité de prendre soin de toi durant deux semaines...
Désormais, maman a besoin de vogeur vers d'autres rivages, où elle se sentira plus libre. Alors, à partir d'aujourd'hui, plus de mercerie dans le village, merci de libérer ma maman. On se retrouvera peut-être un jour, qui sait...Au revoir magasin !