La semaine dernière, à cette heure-ci, deux gentils brancardiers venaient me récupérer dans ma chambre pour m'emmener au bloc. J'étais toute surprise, je ne pensais passer si tôt ( j'avais compris que l'opération allait se faire en milieu d'après-midi).
A vrai dire, je n'ai pas vraiment stressé à l'idée de me faire opérer ( sauf lorsque je suis restée un bon quart d'heure dans le sas devant le bloc à attendre, allongée sur cette espèce de brancard froid), j'avais surtout hâte que toute cette histoire se termine.
Alors, lorsque je suis entrée la veille dans cette chambre ( double, un bonheur, heureusement, la première nuit, je l'ai passée seule...) et que j'ai encore ressenti tous ces symptômes dû à mon petit phéphé ( oui, je lui ai donné un petit nom, paix à son âme !), j'ai simplement pensé que la délivrance était proche.
Je me suis donc retrouvée dans cette grande salle d'opération qu'on aurait dit la NASA ( il y avait des écrans sur tout un pan de mur) avec tout un tas de gens spécialisés en anesthésie : le médecin anesthésiste, l'interne anesthésiste, les infirmiers anesthésistes, les élèves infirmiers anesthésistes ( oui, l'anesthésie était la partie la plus importante de l'intervention) et mon chirurgien chéri qui est venu me demander si tout allait bien.
Quand je sens le produit anesthésiant envahir mon corps, il est 12h15...
Lorsque je me réveille, un infirmier me précise tout d'abord qu'il est 18h et que j'ai dormi très longtemps puisque l'intervention s'est terminée à 15h. Qu'est-ce que vous voulez, je n'arrêtais pas de me réveiller durant l'opération, alors, pour finir l'un des machin-anesthésiste m'a assommé avec une sacrée dose d'anesthésiant. L'infirmier me rassure, il paraît que je ne me souviens de rien grâce aux vertus amnésiantes de ces injections. Ouf ! N'empêche, je me demande quelle(s) tête(s) j'ai fait en me réveillant. Ça devait être assez drôle à voir !
L'enjeu de l'intervention était de protéger mon cœur : en ôtant la glande surrénale sur laquelle est nichée la tumeur, on allait réveiller les petites hormones qui allait s'agiter dans tous les sens et engendre de fortes poussées de tension. Par chance, elles ont été moins nombreuses que la moyenne. Mais quand même, un pic à 24 (!), vous saviez que l'on pouvait monter si haut, vous ?!
Pour vérifier que mon cœur et ma tension réagissaient bien, j'ai passé la nuit en Unité de Soins Intensifs avec une énorme aiguille cousue dans le bras (oui, oui, cousue !) chargée d'atteindre l'artère pour mesurer en permanence ma tension. J'étais tranquillement installée à côté d'une greffée du foie et face à une mamie qui venait d'être opérée de je ne sais quel cancer. Toutes lumières allumées, sans fenêtre, une chaleur à crever et des appareils qui sonnaient en permanence, un petit paradis en somme ! ( L'infirmier m'a précisé que, le plus souvent, cette salle est destinée aux personnes "sédatées" ce qui n'était pas vraiment mon cas...).
Le lendemain, mon gentil chirurgien après m'avoir vu en presque pleine forme ( je ne sais si les calmants pour la douleur y étaient pour beaucoup mais j'avais une super pêche, je n'arrêtais pas de sourire, j'étais heureuse quoi !) m'a permis de m’échapper de ce lieu pour rejoindre ma chambre où une gentille mamie m'attendait.
Bon,je n'étais pas ravie, ravie de trouver quelqu'un à côté de moi. C'était la première fois que cela m'arrivait, jusqu'à présent j'avais toujours eu la chance d'obtenir des chambres d'hôpital simples. Et bien, durant ce séjour j'ai été gâtée : je n'ai pas passé une seule nuit seule après l'opération.
Les deux premières nuits,je n'ai pas vraiment vu le temps passer, je passais mon temps à dormir. Même lorsque l'Homme ( ce saint homme qui a su gérer la maison et les petites durant mon absence, alors qu'il était censé être en vacances) venait me rendre visite, je ne parvenais pas à garder l’œil ouvert.
Le troisième jour, la gentille mamie m'a gardée éveillée en me racontant sa vie (je m'en serais bien passée !).
Le quatrième jour, elle a été remplacée par une sombre mafieuse géorgienne à qui je servais de traductrice en anglais auprès du personnel paramédical(oui, moi...c'est dire le niveau d'anglais du service, heureusement l'interne avait un niveau nettement meilleur que le miens). La nuit avec elle fut épique : à 21h ses trois amis ( je vous jure, les deux hommes avaient des pures têtes de mafieux, après quelques recherches googlesques il s'avère qu'il existe une mafia géorgienne à Nice, où la population géorgienne est loin d'être nombreuse) ont rappliqué dans la chambre, après m'avoir béni ( bein, oui !), ils ont pris leurs aises et commencé à parler en hurlant ( la jeune fille ne savait que communiquer de cette façon). Au bout d'une heure ils sont sortis ( avec ma voisine). A partir de là, elle n'a pas cessé les allers-retours vers l'extérieur et les coups de fils sonores jusqu'à 2h du mat'. Elle est même revenu dans la chambre avec sa copine vers minuit alors que j'avais réussi à m'endormir. Et moi, et bien évidemment, comme j'aime bien me faire des films, j'étais pétrifiée de peur à l'idée qu'elle puisse me tuer dans mon sommeil alors je n'ai rien osé dire ( courageuse mais pas téméraire).
C'est la raison pour laquelle, le lendemain, j'ai supplié mon gentil chirurgien de me laisser sortir ( comme je faisais un peu de tachycardie, il comptait me garder un jour de plus en observation, mais ce n'était pas non plus indispensable).
Et, c'est donc grâce à ma mafieuse géorgienne que j'ai retrouvé mes bébés un jour plus tôt ( car sinon, je n'aurais jamais osé demander à sortir plus tôt). Quel bonheur de les serrer dans mes bras !
Maintenant, nous attendons les derniers résultats : bénin ou malin ? Génétique ou pas ?
On le saura d'ici deux à trois semaines. Je stresse pas mal. Et puis, j'ai de "jolies" douleurs à l'abdomen qui devraient s'estomper au fil des jours.
J'ai vraiment eu un chirurgien formidable : très à l'écoute, humain. Il passait me voir deux à trois fois par jours ( même le 1° novembre!). Par contre, pas une nouvelle de l'endocrino de l'hôpital, je ne le verrai qu'à la fin du mois.
Et pour vous ces vacances ? Moins agitées j'espère !